Remembering Peter Marshall Bell

Dear friends, former colleagues and students of Peter Bell – Welcome!

I am in the process of publishing our dear friend at long last. Until I began this work in earnest a couple of months ago, I had no idea how much Peter had written. There are many poems, short stories, a 1-act play, and  several other works that I think will be a pleasant surprise. I hope you find the selections as wonderfully readable as I do – and that they will leave you wishing there could be a lot more from this very creative man. The collection will be published, I expect, later this year. It is my fervent wish that you will choose to participate here.

Any help that you can provide – commenting here or via email – will be very much appreciated: dates of events recalled; names of people I should contact; suggestions for the translation of the many entries that Peter wrote in languages other than English (such as the Wolof in the first selection below); assistance in naming people and places in some of the photographs I will upload; and, of course, your own stories of the time you shared with Peter…

I will post here only a portion of Peter’s manuscripts and journal entries with the hope that they will spark discussion as well as recollection. With your permission, I may annotate Peter’s work with your comments alongside mine. Rather, let me put it this way: if you post here, I will assume that I may indeed use your comment in the later publication.

So, to begin, here is a sample of Peter’s writing – I believe the first piece is from his time in the Peace Corps (Senegal, 1981-1983). I have given it a working title, but have otherwise made no change to his typewritten manuscript.

Sincerely,

Raymond L. Boyington

~

Aminata Toubab

You think those rows and rows of buses will take you home?

Forget it.

Twenty-four others have to go home with you first before

the apprenti will even lift a finger.

You’re the only passenger at the station.

Everyone else is already at home.

Because, they know the ropes, and you don’t.

Perhaps you feel a bit … funny, all alone at the station,

with all those buses lined up going nowhere.

Gloating in their supreme power over you, the chauffeur and

apprenti occasionally glance in your direction, where you

are leaning against a white Peugeot 504.

They’re saying, Dumb, dumb, honky.

You say, Who, me?

The only people in the world who care about you anymore are

the station vendors haranguing you with neon-yellow baked

goods and all the metal, plastic and polyester that a single

man can carry.

You don’t want neon-yellow bread.  You don’t want toe-nail

cutters.  No thank you.  Please, no baby clothes, no bananas.

No, no, NO.

Just take little Aminata Toubab home.

But will they?

No.

At least not yet.

In the meantime, how about some lip balm?

In frustration, you buy a carton.

Just as you’re counting out small change for 100 cartouches

of lip balm, you see a mob chasing a minibus with back doors

flying half-open, half-shut as the vehicle makes its tour of

the station.

It’s your destination, but you were too busy buying 100 car-

touches of lip balm to force yourself through the mob and

get on the bus.

Now you’ll never get home.

Dumb, dumb honky.

Poor little Aminata Toubab.

Somewhere in the heavens, some nice muslim mother of 12 et

quelques is watching over you, shaking her head with a sad

smile as she fingers her prayer beads and sings your song:

Ndey saan, waay, Aminata bu ndaw.

Xaral rekk, sume xarit.

Sa car rapide, mungi ñow ci kanam tutti.

Ndey saan, Aminata bu ndaw.

Fanaanal ak jamm.

And you will wake up, under the gauze of mosquito netting, and

realize it was only a dream.

~ ~ ~

The second piece, below, is a story with a few words that I am unsure of. (I know far too little French. One of these days…  Even so, I have, thanks to partner Jack, a very fine translation of this beautiful work.) I direct your attention to the questionable words with the notation [sic] following. If the word choice, or spelling even, seems wrong to you, please advise. Offer a translation of the word or phrase containing it, if you would. Thank you!

~

La Plaie

Il lui fallait un an pour mourir.  Pendant ce temps, je le regardais.  Ce qui changeait le plus, c’étaient les yeux.  Il avait de petits yeux bleus, mais au fur et au mesure qu’il mourait ils devenaient de plus en plus grands et de plus en plus gris.  A la fin ils ressemblaient à deux lacs jumeaux, glacés par l’hiver de sa mort.  Rien que de les voir m’entrafnait [sic] des frissons pénétrants et malsains.  Je n’arrivais à regarder ses yeux qu’avec un énorme effort.

Durant cette année-là, tout ce qu’on faisait était fait pour se dire au revoir.  Notre vie commune nous avait créé un langage de signes et de sons dont nous seuls connaissions la signification.  Cette année nous nous servîmes [sic] de ce langage pour nous souvenir de nous-mêmes, pour célébrer la complicité qui allait bientôt se terminer.  Nous recevions toujours nos amis; en outre cela nous aidait à nous régaler de notre exclusivité.  Devant nos invités, nous servions un plat dont personne sauf lui et moi ne savait l’histoire, l’ultime valeur communicatrice du mets.  Ou l’on passait un disque pendant la soirée pour surprendre l’autre, et nous rougissions en nous regardant avec des sourires coquins tandis que les autres bavardaient, ignorant les messages qui s’échangeaient entre nous.

Tout d’abord j’hésitais à jouer avec ce langage pour revivre notre vie à nous—cela me faisait trop de peine.  En fait c’est lui qui me donnait l’exemple, qui encourageait ce jeu et finalement qui m’apprit comment m’y mettre, c’est-à-dire comment lui survivre et comment l’aider à mourir.

Pour lui il n’était pas question d’héroïsme.  Dès que son corps lui fit comprendre qu’il allait mourir, il ne trouva rien de plus naturel, car il avait toujours eu confiance en son corps.  Il avait peur, mais la peur l’excitait, l’aidait à se sentir vivre.  Il ne voulait pas mourir, mais il ne voulait pas non plus renier la mort.  Il voulait rester conscient de tout ce qui se passait en lui.

Ainsi nous attendions ensemble, mais il était toujours le guide du voyage, le savant devant son expérience—après tout c’était lui qui allait mourir; moi je n’en savais rien.

Rien de particulier ne changeait dans notre vie quotidienne, mais avec la conscience de sa mort autour de nous le quotidien devenait assommant parfois.  La tartine, le pli de la serviette, la cafétière [sic] au petit déjeuner nous devenaient des objets sacrés que nous manipulions[sic] pour renforcer encore notre langage à nous.  Les choses et les moments de notre vie acquéraient une importance remarquable.

“Et moi,” posai-je la question inévitable, “quand vais-je mourir?”

Il répondit sans gêne.  “Quand ton tour viendra, tu le sauras.”

Je n’aimais pas pleurer devant lui, je considérais cela comme une perte de temps tant qu’il était là—après j’aurais tout le temps pour pleurer “comme il pleure dans la ville.”  Mais quand il se mettait au piano, je me permettais le luxe de sortir dans le jardin pour m’asseoir près de la fontaine où je pouvais pleurer à mon aise.  Pourvu que la musique continuât, je pouvais céder à mes larmes et à mes sanglots.  Quand il cessait de jouer, je me plongeais la tête dans l’eau fraîche de la fontaine, ce qui me débarrassait des traces redoutables des larmes.  Quelques instants plus tard il me retrouvait au jardin.  Il me regardait, souriait, et plongeait lui aussi la tête dans la fontaine.

Lorsqu’il reconnut certains signes de l’approche de la fin, nous partîmes pour la côte où nous avions loué un pavillon pour l’occasion.  Nous avions décidé que j’écrirais à nos amis après l’événement, mais ne retournerais pas avant que le choc de sa mort n’eût été un peu dissipé.  Nous ne supportions [sic] pas l’idée qu’on me traite en tant que veuf; cela serait trop déprimant pour moi.  Au contraire, nous décidâmes que je partirais juste après sa crémation pour prendre des vacances à Acapulco, ce qui scandaliserait tellement les gens qu’ils auraient du mal à me manifester de la pitié.  Mon ami voulait  même que j’envoie des cartes postales d’Acapulco à tout le monde pour les froisser davantage, mais je le convainquis que ce ne serait pas nécessaire.

Le pavillon que nous louions avait une véranda qui entourait la maison.  Pour aller à la mer, on quittait la véranda et suivait le bord d’une rivière qui menait à la plage.  Ce n’était pas loin du tout; pendant la nuit, on entendait le murmure de l’océan, une voix profonde qui accompagnait les soupirs du vent.  La maison où il avait passé son enfance était au bord de la mer, et il désirait s’entourer de l‘atmosphère qui avait nourri ses premières années de vie.  Je dormais très mal—la mer et la vent envahissaient mes rêves en chuchotant et répétant sans cesse une phrase à peine articulée: c’est l’heure, c’est l’heure.  Mais ma santé excellente me permettait de me passer de sommeil.  Par contre mon compagnon dormait très bien, se levait à onze heures après treize heures de repos.  Il mangeait très peu et ne buvait que du thé.

Parfois quand je me promenais tout seul au long de la plage, une voix me parlait:

“La plaie est ouverte.  Nous sommes sur un champ de bataille.”  Et, “Cela m’arriva avant que tu ne m’aies connu.”

Un médecin des environs, recommandé par celui qui s’occupait de mon compagnon en ville, passait pour vêrifier [sic] son état.  Je ne lui parlait pas.  Ce n’était pas mon affaire.  Mon ami me dirait ce qu’il me fallait savoir.

“Il me donne des médicaments,” me confia-t-il.  “Cela se fera sans violence comme si je m’étais endormi.”

Je ne dis rien.

Puis il cessa de dormir au lit, mais s’installa chaque nuit sur la berceuse dans la véranda, avec ou sans couverture.  Il ne voulait pas mourir au lit, me dit-il.  Le matin je me levais plein de morbidité, effrayé d’approcher la chaise sous la véranda  mais déterminé à conquérir le démon qui me rappelait “comme si je m’étais endormi.”  J’approchais doucement de là où il s’asseyait, je regardais sa poitrine.  Il respirait toujours.  Je rentrais dans le pavillon, préparais du thé et retournais m’asseoir au bord de la véranda près de son fauteuil.  Le soleil qui venait de se lever rouillait le sable sur les bords de la rivière.  Je sirotais mon thé, tournant la tête de temps en temps pour contempler mon ami.  Le sable devenait doré, puis blanchissait.  J’entendis sa voix.

“Bonjour.”

Je lui portai une tasse de thé.  Il me sourit.

“Je ne rêve plus,” me dit-il.

“Tu ne te souviens jamais de tes rêves.”

“Justement.  Je n’ai plus cette impression d’avoir oublié quelque chose.  Evidemment je ne rêve plus.”

Un jour on était en train de discuter, lui dans sa berceuse, moi assis à côté de lui sur un tabouret.  On se tenait les mains.

“Il reste des choses que je ne t’ai pas encore dites.”

“Ca a toujours été le cas.”

“Oui, on arrive à s’entendre sans verbaliser.”

Il me caressa la main.

“L’important, c’est que tu es le seul qui m’aies dit volontiers ‘je t’aime.’”

Je détournai mon visage et regardai la mer.  Les larmes me montaient aux yeux.

“Et quand je dis que je t’aime, c’est parce que avec toi, c’était la première fois que je ressentais assez de franchise et de sécurité pour le dire.  Je suis tellement content que cela me soit arrivé une fois dans ma vie.”

Je lui serrai la main.  Je ne pouvais plus rien voir.

Et puis sa main n’eut plus de force.  La berceuse ne bougeait pas.  Je regardais sa poitrine: plus de souffle.  Les yeux: fermés.

Un vent frais me séchait le visage.  Je regardais la plage d’où venait le vent.

Je suis à Monte Albán, au sommet d’une pyramide zapoteca.  Tout a été réglé.  J’ai envoyé les cartes postales, choisissant dans la collection celles du plus mauvais goût.  Dans ma solitude, je me rendis compte qu’il avait eu raison.  Mais à Acapulco je ne passai qu’un après-midi, juste assez de temps pour envoyer les cartes.  Puis je pris l’avion pour Oaxaca.  Rien de plus à faire—tout fut réglé.

Ce qui me reste, c’est ce paquet de cendres.  J’attends que le vent monte un peu avant de les jeter.  Les autres touristes sont déjà en train de retourner au car.  Je suis le seul à rester au sommet de cette pyramide.  Je regarde ce qui était jadis les grandes places de cérémonie , de marché, j’entends le vent qui monte, qui porte les soupirs de musique ancienne jouée par quelques pauvres fantômes condamnés à la solitude de Monte Albán.  Le vent monte encore, les musiciens et un petit public finissent par se matérialiser.  C’est le moment, me dis-je.  Je déchire le paquet et les cendres s’envolent, de la même couleur que ses yeux mourants.  Les indiens fantômes en bas applaudissent, le visage tourné vers le ciel où les cendres se sont dispersées.

~

I now know that this story was written prior to the passing of Peter’s companion John Moe in 1989. In fact, John’s AIDS diagnosis was made just before a journal entry dated 1 November 1987. The writing of the story pre-dates even that!

The grace and openness, the love – and, yes, humor – with which Peter approached his own death are very much foreshadowed by what occurs here.

2 Comments

Filed under Memoir

2 responses to “Remembering Peter Marshall Bell

  1. Lovely post by a lovely man commemorated here by an equally lovely man.

  2. Thank you dear man for your support – and especially for your inspiration.

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